Procès de l’assassinat du père Jacques Hamel : Un des accusés n’avait « pas compris » ce qui se tramait, plaide sa mère
Yassine Sebaihia, l’un des accusés au procès de l’assassinat du père Hamel, ne « serait jamais allé » à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) s’il avait « compris » les intentions des deux jihadistes, a assuré sa mère lundi.
Le jeune Toulousain, aujourd’hui âgé de 27 ans, avait rejoint Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean le 24 juillet 2016, avant de repartir dès le lendemain matin, veille de l’attentat.
« Je pense qu’il était pas au courant, il n’avait pas compris » ce qu’ils préparaient. « Sinon il n’y serait jamais allé », a déclaré sa mère devant la cour d’assises spéciale de Paris.
Yassine Sebaihia lui avait dit aller « chez un copain » à Paris. « Je me suis dit: ‘ça va lui changer les idées, ça va lui faire du bien' », se rappelle cette petite femme de 60 ans, cheveux châtain au carré.
A l’époque, sa petite amie vient de rompre, le déménagement de la famille loin du centre-ville de Toulouse lui pèse et sa mère lui a fixé un « ultimatum », menaçant de le « mettre à la porte » s’il ne trouve pas de travail.
Yassine Sebahihia, décrit par sa soeur comme « naïf », assure avoir répondu à un appel d’Adel Kermiche pour suivre ses « cours de religion » à la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray. Entendu le 17 février, l’imam de cette mosquée avait fermement démenti l’existence de tels cours.
« Il faisait le ramadan, mais il était pas à fond sur la religion » et n' »a jamais eu de propos extrémistes », a affirmé sa mère.
Selon l’accusation, le jeune homme, abonné à la chaîne Telegram d’Adel Kermiche, était a minima « au courant de la propagande qui justifiait des actions terroristes » diffusée par ce canal.
Dans ses échanges avec le jeune jihadiste, Yassine Sebaihia lui demande des conseils pour frauder dans le train, « pour que les koufars (mécréants, NDLR) ne me cassent pas la tête ». « Est-ce que tu peux venir demain ou plus tôt ? (...) Y a un gros plan t’inquiète », lui écrit Adel Kermiche le 23 juillet.
Sur les raisons de son retour anticipé, Yassine Sebaihia reste évasif, expliquant à sa mère que son ami « l’a fait poireauter » parce que ses parents étaient sur place, « et donc il a préféré rentrer ».
Le lendemain, apprenant l’attentat, il s’est attristé pour la victime, un prêtre de 85 ans, disant: « Le pauvre, il ira au paradis et ceux qui ont fait ça, ils iront en enfer », se rappelle sa mère.
Mais il n’a jamais mentionné son séjour avec les assaillants ni dénoncé les faits, jusqu’à son arrestation le 7 août 2016, souligne le président.
Le père Jacques Hamel a été assassiné par deux jeunes djihadistes lors de la messe dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray le 26 juillet 2016. Près de six ans après le drame, le procès de l’attentat s’est ouvert à Paris lundi 14 février.
La rédaction (avec AFP)